A la surprise générale, la co-fondatrice Sarah Lerfel Andelman annonçait la semaine dernière la fermeture définitive du célèbre concept store Colette, qui cédera sans doute sa place à la maison Saint Laurent d’ici la fin de l’année. Retour sur la sucess story de l’adresse la plus connue de la capitale parisienne.
Colette : le premier concept-store parisien
«Toutes les bonnes choses ont une fin. Après vingt années exceptionnelles, Colette devrait définitivement fermer ses portes le 20 décembre prochain . Colette Roussaux arrive à l’âge où il est temps de prendre son temps ; or, colette ne peut exister sans Colette.»…C’est par ces quelques mots que Sarah Lerfel Andelman, la très discrète Directrice Artistique de la boutique fondée avec sa mère Colette Roussaux, a choisi d’annoncer la fin de l’aventure.
Colette Roussaux tenait la boutique de demi-gros Polo, dans le Marais, avant de lancer avec sa fille, jeune diplômée de l’Ecole de Louvre, une boutique permettant de réunir des pièces qu’elles aiment, dénichées au cours de leurs voyages à New-York, Londres ou Tokyo. Elles rachètent donc l’immense espace au-dessous de leurs appartements en 1997, au 213 rue du Faubourg Saint Honoré (Paris 1er). Colette est né !
L’expérience Colette, une ambition cosmopolite
Leur idée : aménager l’espace de 700m2 et ses 3 plateformes, comme un magazine de luxe réunissant ce qui se fait de plus pointu en « style design art food » à l’international. « Au début, personne ne nous connaissait et nous ne connaissions personne. Mais les gens étaient curieux. Il faut dire que rien ne se passait à Paris à l’époque : toute l’énergie était concentrée à New York et Londres », raconte Sarah. La boutique s’est rapidement imposée comme concept-store d’un genre nouveau, mêlant avec subtilité et audace, des pièces disposées comme les œuvres d’un musée. « Comme dans une grande surface, les clients doivent être attiré par le vêtement, l’objet et non influencé par la marque, il faut stimuler le coup de foudre » : c’est l’expérience Colette !
Au rez-de-chaussée, on retrouve une sélection de livres d’art et de design, des accessoires high tech, des baskets streetwear, des labels en vogue et l’édition maison à découvrir grâce au mur d’écoutes iPad. A l’étage, la mode homme et femme sont à l’honneur avec un mix de marques reconnus et de jeunes créateurs ainsi qu’un espace Beauty Box composé de soins exclusifs. Au sous-sol, on apprécie de retrouver la cantine et le « water bar » avec ses 85 marques d’eaux minérales les plus rares du monde entier et son menu qui change toutes les semaines. Tout le monde peut y trouver son bonheur, du hipster au touriste, en passant par Karl Lagerfeld qui déclare : « C’est le seul magasin où je vais parce qu’ils ont ce que personne d’autre n’a ».
Une centaine de personnes travaillent dans les coulisses pour continuer d’ancrer le succès de Colette. Chaque dimanche, lors du changement des vitrines, toute la mise en place des objets est repensée. Une équipe réduite remanie l’intégralité de la boutique. Comme un puzzle, l’équipe se charge de déconstruire et reconstruire les pièces dénichées par Sarah pour créer un nouveau jeu en perpétuel mouvement. Tout est mis en œuvre pour faciliter l’achat d’impulsion, car Colette a un parti-pris fort : privilégier une sélection de pièces éphémères, pas de stock. L’achat ne peut donc être qu’immédiat car une pièce vue une semaine ne sera plus là la suivante.
La découverte de talents
Colette et Sarah ont toujours fonctionné en binôme parfait : la mère se charge de la gestion de la boutique, du management et des finitions tandis que la fille développe les collaborations, capte l’ère du temps et découvre les nouvelles pépites de la création dans les Foires d’Art Contemporains, les fashion weeks ou encore lors de ses voyages aux quatre coins de la planète. «Je cherche des choses qui me touchent, me surprennent, ce qui m’oblige à rester très ouverte. On essaie d’être précurseur, plus qu’acheteur », explique Sarah. Colette a ainsi fait émerger de nouveaux talents du marché français et international tel que Julien David, Mary Katrantzou, Proenza Schouler ou encore Anthony Vaccarello. La boutique a également collaboré avec de grands noms de la mode comme Chanel, Raf Simons, Rodarte…On compte près de 800 marques et créateurs en vente chez Colette réunissant chaque jour entre 300 et 700 visiteurs et jusqu’à 3 000 personnes pendant la Fashion Week de Paris.
Un temple de l’événementiel
Devenue une étape incontournable pour les touristes en visite à Paris, la boutique Colette est reconnu comme un véritable temple de l’événementiel: lancement de produits, séance de dédicace, collaborations de prestige, des after-party lumineuses. En Mars dernier à l’occasion de ses 20 ans, une piscine à bulles « The Beach » avait été installée au cœur du Musée des Arts Décoratifs.
Aujourd’hui, Colette réalise un chiffre d’affaire de 28 millions d’euros (2016), dont 25% pour l’e-shop. A la place du célèbre concept-store, Saint Laurent réfléchirait à y prendre ses quartiers, « ce qui pourrait constituer une très belle opportunité pour nos salariés » a déclaré la co-fondatrice. Sarah Lerfel Andelman a, néanmoins, souhaité préciser que « jusqu’au dernier jour, rien ne changera ».
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